Les types de patrimoine dans la région de Fès-Meknès

Dans ce domaine, la région dispose d’un potentiel riche et varié, qui constitue un héritage à la fois de la nature et de l’histoire.

Un riche patrimoine naturel varié à mettre en valeur

Carte des principaux éléments du patrimoine naturel dans la RFM

Parmi les principaux patrimoines naturels de la région, des sites et paysages aquatiques constitués de :

  • lacs karstiques du Moyen Atlas, dont le circuit concerne des lacs situés essentiellement dans les provinces d’Ifrane et Séfrou. (Dayet Aoua, dayet Al Hachlaf, dayet ifrah, wiwane à Ain Leuh etc).
  • lacs de retenues de barrages, constituent une opportunité à exploiter pour le tourisme sportif et de loisirs à l’instar de ce qui se développe à Bine El ouidane dans la province d’Azilal (région Béni-Mellal-Khenifra). Il s’agit entre autres, des lacs de retenue des barrages de : Idriss 1er, Allal El Fassi, Sahla, El ouahda, Sidi chahed…
  • sources thermales: sont un véritable don de Dieu, à tel point qu’une d’entre-elles a été intitulée « Ain Allah », dans la commune rurale Sbâa Rouadi (province de Moulay yacoub). Il s’agit bien sûr des sources d’Ain Allah, mais surtout Moulay Yacoub et Sidi Hrazem. Des stations de renommée nationale et internationale, encore trop peu valorisées pour leurs qualités thérapeutiques. Elles peuvent à elles seules contribuer à l’attractivité de la région. Avec le potentiel qu’elles permettent la région peut offrir le chaud et le froid (santé curative et santé sportive).
  • sites de la neige : Il s’agit essentiellement des sites de Michlifen, Habri et Hibri (province d’Ifrane) et Bouiblane (province de Taza). Si Michlifen est relativement aménagé, les autres sites manquent complètement d’équipements appropriés. Bouiblane a fait l’objet d’un ancien projet d’aménagement abandonné à mi-parcours, et qui fait récemment sujet de relance. Ces sites sont à équiper dans une vision intégrée.
  • couvert forestier et herbacé : Présente également de grandes potentialités. La forêt de la région figure parmi les plus importantes du pays, avec de belles cédraies au moyen atlas (à Ifrane-Azrou, Ain Alleuh, Taza et dans le Rif). Ici, la forêt allie le paysage au potentiel économique. C’est un patrimoine précieux, mais sous pression qui nécessite une protection rigoureuse. C’est l’objet de la délimitation, des parcs nationaux (Ifrane et Taza), dont les données principales ont été développées précédemment dans le volet environnement.

En plus de ces sites principaux, la région recèle une quantité impressionnante de paysages et vues panoramiques qui constituent également des patrimoines (le plus spectaculaire est le panorama « d’ITTO » entre El hajeb et Azrou qui offre un paysage morphologique impressionnant de la zone de contact du causse Atlasique avec le plateau central).

Un nombre important de sites attrayants recélant des qualités paysagères d’une rare beauté sont répartis sur l’ensemble du territoire de la région : Sources, Cascades, Vallées …. Des grottes innombrables sont concentrées surtout dans la province de Taza, dont la plus importante est incontestablement « Friouatou » (la grotte du vent en berbère), qui attire des équipes de spéléologues, nationaux et étrangers, ainsi que des centaines de visiteurs. Espérons que sa fermeture actuelle ne soit que provisoire et de courte durée.

En matière de plantes aromatiques, médicinales et nappes alfatières, la région dispose d’une richesse variée, l’une des plus importantes du pays.

Si les steppes d’Alfa servent surtout de zones de pâturage, les plantes fines présentent un potentiel non négligeable d’écodéveloppement local. C’est ce qui explique en particulier la création d’un « centre national » dédie à la recherche développement en matière de plantes aromatiques et médicinales, établi à Taounate.

Plusieurs essences sont recensées et font l’objet d’études spécialisées, ou de projet de développement local, notamment à l’institut Agronomique et vétérinaire Hassan II, INRA et au haut-commissariat des eaux et Forêts et la lutte contre la désertification.

Des études expérimentales menées par l’INRA établi dans la région, tentent d’acclimater des variétés de rosiers à l’instar de celles qui font actuellement la renommée de « Kalaa Mgouna ». D’autres recherches visent à développer des techniques susceptibles de développer les essences médicinales et aromatiques en mode de culture, afin de les préserver de l’exploitation sauvage qu’elles subissent de la part des populations locales.

L’exploitation de ces patrimoines naturels, vise le développement des « produits de terroir », générateurs de revenus, dans le cadre de petites unités domestiques ou coopératives. C’est un ensemble d’initiatives susceptibles de faire l’objet de financement dans le cadre de fonds spéciaux, dédiés au développement rural. (FDR, FDZM, INDH …)

On le voit bien, les ressources naturelles ouvrent une perspective nouvelle dans l’appui à la création d’emplois et de revenus dans des zones considérées pauvres et démunies.

Le patrimoine bâti dans la RFM : richesse et profondeur de l’héritage historique

Au niveau national, les tissus anciens et historiques représentent un patrimoine inestimable. Ils constituent une composante fondamentale de l’identité culturelle du Maroc et symbolisent son authenticité.

Carte des principaux éléments de patrimoine bâti dans la RFM

Dans la région, et en dehors du site antique de Volubilis, ces tissus compris dans leur composante authentique, sont constitués essentiellement de médinas, kalaas, et kasbas.

Ces médinas assurent pleinement cette fonction d’autant plus qu’elles sont restées pratiquement intactes à l’intérieur de leurs enceintes initiales d’avant 1912, date de l’installation officielle du protectorat. Pour les villes marocaines et les médinas en particulier, cette date marque un tournant décisif. En effet, H. Lyautey Résidant général fraichement installé au Maroc prend ses premières décisions en matière d’urbanisme, dont le premier principe était de séparer nettement les « villes nouvelles » conçues pour européens des médinas, en décidant de « toucher le moins que possible aux villes indigènes »

Les urbanistes et les juristes qui l’assistaient allaient consacrer cette séparation qui a permis aux médinas de conserver leur intégralité physique jusqu’à aujourd’hui, faisant d’elles les exemples accomplis de l’urbanisme musulman.

La région de Fès Meknès dispose dans ce cadre de plusieurs tissus anciens de grande valeur, dont Fès et Meknès représentent les espaces les plus prestigieux en seconde position Taza et Sefrou, Zerhoun et Bhalil.

Un site archéologique : Volubilis (Oualili)

Proche de Meknès et de Moulay Idriss du Zerhoun, l’ancienne ville antique de style d’urbanisme romain témoigne de l’ancienneté de l’urbanisation au Maroc. Elle serait même une ville qui existait plusieurs siècles avant la période romaine.

Les vestiges encore visibles aujourd’hui sur le site, en plus des divers éléments et objets archéologiques témoignent effectivement de l’importance de cette cité antique, qui fut capitale de la Mauritanie « tingitane » sous le règne de Juba 2 et son fils Betlemos (an 25 avant Jésus-Christ jusqu’à l’an 40 après Jésus-Christ)

Site de grand intérêt patrimonial de niveau national et international, Volubilis sera classé au patrimoine mondial en 1997.

Les médinas de la RFM : une renommée internationale

Cette renommée est due à leur valeur symbolique, mais aussi à la qualité patrimoniale de leur tissu. En effet, prises individuellement ou en tant que groupement, les constructions des tissus anciens constituent un répertoire prestigieux de l’architecture et de l’art de bâtir marocain.

La diversité des formes et des matériaux représente une richesse, alors que son adaptation à la fonction et l’environnement physique ou climatique reflète un génie ancestral.

Deux médinas classées patrimoine mondial : Fès en 1981 et Meknès en 1996

Fès, capitale de la région et métropole de niveau national constitue à elle seule une grande richesse, avec un espace qui occupe plus de 350 ha (y compris Fès jdid).

« La Médina de Fès, la plus importante du monde, constitue dans sa globalité, une parfaite illustration de l’importance de la question du patrimoine, en liaison étroite avec le développement économique, l’industrie, l’artisanat, et la création d’emplois. Elle constitue à elle seule un potentiel remarquable de développement et bien plus qu’un lieu de visites pour les touristes ».

Depuis sa création à la fin du VIIe siècle par Idriss 1er, elle fut capitale politique, économique, spirituelle et culturelle de l’empire chérifien. Ces rôles et fonctions ont sédimenté un tissu structuré, organisé et riche par son organisation, sa morphologie et ses édifices.

Meknès, également capitale du pays sous le règne de Moulay Ismail, dispose d’atouts patrimoniaux de grande envergure. En effet, l’envergure des fortifications ismaïliennes et monuments de valeur de cette médina qui a su garder son homogénéité, lui ont valu d’être reconnue et classée par l’UNESCO patrimoine mondial en 1996. La proximité de volubilis (oualili) et Moulay Idriss Zerhoun renforcement davantage sa valeur patrimoniale.

A elles seules, ces deux métropoles constituent un trésor patrimonial bâti d’une envergure nationale et internationale, dont il faut continuer les efforts de valorisation dans des projets intégrés.

Elles disposent également de « villes nouvelles » de l’époque de protectorat considérées aujourd’hui par de nombreux analystes comme tissus historiques, même si plus récents, qui font partie de l’entité urbaine. (Voir plans et analyse dans le volet armature urbaine).

Séfrou, quatrième ville par son poids démographique dans la hiérarchie urbaine de la RFM, serait même la plus ancienne, ou en tout cas parmi les plus anciennes du Maroc.

Elle doit son essor ancien à sa position entre moyen Atlas et plaine du Sais, sur un site « qui recèle un paysage naturel remarquable où riment parfaitement l’abondance de l’eau et de la verdure avec une tradition urbaine millénaire »

En plus de sa médina très ancienne, Sefrou figure désormais sur le registre du patrimoine mondial, par le classement de son « Festival des cerises » depuis 2012 ; classement mérité pour le « doyen » des Festivals du Maroc moderne. Ce classement vient enrichir la valeur patrimoniale immatérielle de la région qui recèle déjà d’innombrables trésors patrimoniaux.

La fête de ce Festival dure trois jours (vendredi, samedi et dimanche). Elle se caractérise par le couronnement de la reine des cerises parmi les plus belles filles qui préside les défilés entourée par ses deux dauphines. La fête est riche en couleur et jalonnée de danses, chants, kermesse…. Elle connait aussi, en parallèle, plusieurs activités sportives et culturelles.

Taza est également une ville ancienne, qui a toujours joué un rôle politique, militaire et culturel important, au cours de l’histoire du Maroc. Son site éminemment stratégique de passage obligé entre l’Ouest et l’Est du Maroc, lui a permis de développer une vie citadine séculaire, dont témoigne sa médina, et ses monuments formés d’édifices et espaces prestigieux (sa grande mosquée renferme entre autres le plus grand lustre en bronze naturel du monde arabe et musulman inaugurée à la fin du 13eme siècle ). Ces riches héritages conjugués aux patrimoines naturels et culturels variés et riches de ses environs (grottes de Friouato, Bouyblane, le parc de Tazekka…), font de cette ville un important pôle de patrimoine à la limite orientale de la région.

Moulay Idriss Zerhoun, malgré son inertie démographique et économique reste un haut lieu de patrimoine dans son intégralité : son site perché de village méditerranéen, son tissu de ville ancienne compacte et son mausolée d’Idriss Ier fondateur de la dynastie Idrisside, la première à gouverner un Maroc ouvert à l’Islam, sont autant de potentiels patrimoniaux renforcés par la symbolique qu’ils dégagent et la proximité du site antique de volubilis ainsi que la medina de Meknès.

D’autres petites villes disposent également de tissus anciens et de qualités patrimoniales susceptibles de valorisation : El Menzel, site classé en 1949 par son noyau ancien défensif (El Kalaa) et Bhalil par son ancienneté de peuplement, qui est aussi un site classé « naturel » en 1950. La particularité de cette ville réside dans la préservation d’un habitat troglodyte témoin, d’une ancienneté de peuplement et d’adaptation au milieu, lieux aménagés et entretenus par les habitants.

Les principaux monuments : une envergure nationale et internationale

Cet aperçu rapide sur les tissus anciens à forte dimension patrimoniale, a mis en évidence une idée ancrée depuis le début du XXème siècle à les considérer dans leur intégralité physique comme entité patrimoniale.

Encore une fois, les visions et décisions de Lyautey, à la fois personnelles et étatiques (représentant général du protectorat), sont édifiantes à ce sujet : « la beauté et l’intérêt historique de l’architecture marocaine résidant non seulement dans ses monuments importants, mais encore et surtout dans l’ensemble des constructions qui forment les centres et dans leurs perspectives générales. En conséquence tout ce qui peut modifier le caractère des villes indigènes, ne doit être entrepris qu’après avoir été soumis au préalable à l’approbation du service des Beaux-arts de la Résidence générale »

Notons quand-même certains parmi les plus emblématiques, sans tendre à l’exhaustivité : la mosquée Karaouiyne, les medersa mérinides, les portes les plus prestigieuses de Fès la majestueuse porte « bab Mansour », les greniers et étables de Moulay Ismail, les grandes murailles d’enceinte, les mausolées (Zerhoun, Fès, Meknès, Taza, Sefrou.. ), les grandes mosquées et Zaouïas, palais et demeures, les jardins et riads, les vestiges inspirés du modèle romain de volubilis (capitale de royaumes anciens)etc.

Les grandes places historiques telles que : place « Lahdim » et  » Lalla Aouda » à Meknès, places Al marinyine, Boujloud, et Bab Al Makina à Fès, Bab Lamquam à Sefrou etc.

En conclusion les médinas ne sont pas que des monuments ou cadre bâti, c’est aussi et avant tout, une vie sociale et économique basée entre autres activités sur le secteur artisanal, qui permet la sauvegarde des savoir-faire hérités, aussi bien en milieu urbain que rural.